Quand on pense au vin, on pense terroir, cépages, assemblages, élevage en fût… Bref, un univers sophistiqué. Mais le café ? Pour beaucoup (y compris moi jusqu’à il y a peu), c’est encore réduit à un expresso indispensable pour commencer sa journée du bon pied.
Et pourtant.
Après mon séjour à Finca Lérida, au Panama, j’ai réalisé que le café est peut-être encore plus complexe que la vigne. Chaque étape, de la cerise rouge accrochée au caféier jusqu’à la tasse, demande une précision incroyable.
Boquete, le paradis pour les plants de café (et les randonnées)
Ici dans la vallée de Boquete, l’air est plus frais qu’ailleurs, les rivières serpentent entre les collines et le café n’est pas qu’une boisson : c’est un patrimoine, une culture, une vraie fierté locale.
Introduit au XIXe siècle, il a trouvé dans ces terres volcaniques un terrain de jeu parfait : altitude idéale, sols riches, climat tempéré. Résultat : Boquete s’est hissé au rang des grands terroirs caféiers du monde.
C’est là qu’on cultive le fameux Geisha, l’un des cafés les plus rares et les plus chers de la planète. Mais derrière les records et les enchères folles, ce qu’on découvre surtout, c’est le travail incroyable des familles qui bichonnent chaque cerise.
Boquete, c’est ça : un décor de carte postale, mais surtout une expérience sensorielle. Quand on goûte un café ici, on comprend qu’il y a tout un monde derrière sa tasse du matin.
La précision d’une récolte manuelle
Ici, on ne ramasse pas tout d’un coup. Ce sont des familles entières qui viennent récolter pendant des mois, accompagnés de leurs enfants (donc des écoles improvisées pour l’occasion, une grosse organisation !).
Chaque cerise doit être cueillie à parfaite maturité, et parfois il faut repasser 4 à 5 fois sur le même arbre.
C’est comme si on vendangeait grain par grain, à flan de montagne… c’est sport !
Les process : une infinité de choix techniques
Lavé, naturel, honey, black honey, fermentation anaérobie lente… Chaque méthode change radicalement le profil aromatique.
Le vin a la cuve inox, le bois ou l’amphore. Le café lui, a des dizaines de techniques de fermentation et de séchage, testées et affinées au millimètre.
Le terroir et les micro-lots
Altitude (1 500–2 000 m), exposition, sol volcanique, variété (Geisha, Pacamara, Catuai, SL28…). Chaque parcelle devient un micro-lot unique, un peu comme un grand cru classé.
Pour ne pas être trop exposés au soleil, des arbres sont plantés sur certains coteaux ensoleillés, à des distances millimétrées, avec des essences particulières pour éviter que les sols ne deviennent trop acides, ou humides.
C’est une science qui est loin d’être approximative.
Quand le café vaut plus que l’or
Et le résultat ? Un produit parfois aussi rare et recherché que les plus grands vins.
Lors de la dernière vente aux enchères Best of Panama en août 2024, un café Geisha provenant de la région d’El Salto au Panama, a atteint le prix exceptionnel de 10 002,00 $ (env. 9000€) par kilo.
On parle bien de café. Oui, plus cher qu’un Château Pétrus.
À Paris, Londres, Bruxelles ou Berlin, certains coffee shops proposent également des Geishas au service, souvent à la tasse (filtre). Comptez entre 15 et 25 € la tasse.
Résultat : après avoir vu et goûté ça, impossible de boire son café du matin de la même manière.
On ne boit pas seulement une boisson chaude : on boit une histoire, une science, un art, et parfois… un trésor.
Pour ma part, je ne suis clairement pas suffisamment connaisseuse en café pour apprécier ce «bijou» à sa juste valeur. J’ai gouté, et je peux même dire que je n’ai pas franchement apprécié le goût, surement trop habituée à du café «lambda».
Je garde en tête cette montagne, ces nuages qui s’accrochent aux sommets, ces rangées de plants de café et ce joli couple de cueilleurs qui le longent main dans la main. Je garde en tête ces hommes qui passent leurs journées à regarder le ciel pour protéger les grains qui sèchent de la moindre averse. Le calme, le bruit du vent, et toujours, partout, l’odeur d’un café en train d’infuser !
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